Oui bien sûr le scoutisme est dans mes gênes ! J’ai été louveteau, éclaireur, chef de patrouille et puis directement chef de troupe, à 19 ans, sans passer par la case « routiers ». En fait, à l’époque, la route c’était « marche et prie », un repère de futurs curés, je n’en avais aucune envie ! Heureusement ça a changé depuis, et j’encourage tous les CP à partir à la route.

CT à 19 ans, ce n’est pas rien. J’ai pris en pleine face l’expression « charge d’âme ». En fait je n’avais pas le choix, je devais tout à coup m’approprier, faire mienne, la foi que m’avait transmise ma mère. Un chemin pas facile, semé d’embuches. Une petite anecdote : au week-end de rentrée de la troupe qui avait une dimension de pèlerinage, je devais lancer un chapelet. Et bien je n’ai pas réussi à finir le crédo !

J’ai beaucoup discuté avec un conseiller religieux à cette époque, je l’ai rencontré à plusieurs reprises. Il m’a stimulé sur mon rapport à la foi, il venait souvent à nos activités, à la retraite HP, il nous connaissait bien. J’en garde de très bons souvenirs. Mais si je dois retenir un prêtre, c’est clairement l’abbé du Plessis, aujourd’hui conseiller religieux de la province. Comme aumônier scout, il m’a marqué : c’est un prêtre qui venait aux camps, qui était proche des jeunes. Cette fois-ci les anecdotes je ne vous les raconterai pas ! De toutes ces années où j’ai écouté ses topos autour du scoutisme, je ne garde qu’une série de questions:  « à la fin de ta vie on te demandera : qu’as-tu fait de ta vie, qu’as-tu fait pour ton Dieu, qu’as-tu fait pour tes frères ? ». Encore aujourd’hui, c’est ma ligne de vie.

Je tire ma vocation de prêtre dans la notion d’engagement que m’ont appris ces années de chef. Le scoutisme c’est un sens du don de soi, c’est une joie du service. Dans mon totem scout est présente cette dimension de responsabilité ; elle me marque encore.

Et nous voilà arrivés aujourd’hui… Je suis depuis le mois de septembre responsable de la paroisse étudiante de Toulouse. J’ai un peu l’impression de prendre en main un gros livret de bord. Cette paroisse est un peu comme une énorme troupe permanente, avec beaucoup d’étudiants qui prennent en charge leur poste d’action, avec bonne volonté et compétence. J’ai la chance d’avoir une bonne équipe d’aumôniers sur qui je peux compter. Je pense que le scoutisme m’a préparé à gérer ce genre de situations, il m’a donné des capacités d’organisation et d’animation.

Je suis aussi, depuis cet été, conseiller religieux du district guides de Toulouse. Quand j’ai reçu l’appel d’Anne-Françoise, je n’ai pas hésité. C’est simple : j’ai beaucoup reçu, je veux donner gratuitement. Je vois deux dimensions à cette mission : accompagner la réflexion dans les grandes orientations à prendre, et avoir le souci de l’accompagnement spirituel de toutes les cheftaines du district.

Et maintenant posons-nous ensemble cette question : en quoi être chef scout aujourd’hui, c’est extraordinaire ? Sur votre cv, ça dit quelque chose de votre engagement et du fait que l’on puisse compter sur votre parole. Il y avait une époque où c’était presque péché d’être chrétien, d’aller à la messe, d’être scout. Aujourd’hui c’est plus facile de montrer combien c’est fantastique. Vous apportez tant à l’Église et à la société, soyez fiers et décomplexés ! D’ailleurs, ce n’est pas parce que, comme scouts, nous vivons dans les bois, que ça doit nous empêcher d’être « en sortie » quand nous sommes en ville. Le christianisme du 3ème millénaire, c’est d’être missionnaire et en sortie. Pour ça le pape François est visionnaire, il répond au désir des jeunes de sortir de l’entre-soi. Chefs, relisez la deuxième partie de l’exhortation évangélique « christus vivit » !