Qu’est-ce que le scoutisme ? Cette question, qui peut paraitre simple, appelle toutefois à une réponse qui ne l’est pas. Car la meilleure façon de définir le scoutisme est de le vivre. Pourtant, malgré plusieurs années de scoutisme, je crois ne l’avoir jamais autant vécu que lors du premier week-end HP de la VIème Toulouse, deuxième compagnie en France à se spécialiser dans la montagne.

Lorsque j’ai intégré la VI, je pensais intégrer une compagnie comme les autres, qui ne me donnerait pas l’impression de n’avoir jamais connu le véritable scoutisme.

Ce fut le contraire.

Lors de ce week-end, j’ai redécouvert l’aventure scoute.

J’ai retrouvé l’exaltant sentiment de partir à la découverte du monde lors de l’ascension du mont en haut duquel nous allions passer la nuit. J’ai pu contempler la beauté de la Nature en traversant une forêt de hêtres encore quasiment sauvage. Et j’ai ressenti la toute-puissance de Dieu face au paysage grandiose d’une chaine de montagne s’étendant à perte de vue.

De plus, au-delà de ça, la pédagogie scoute m’a également semblé plus authentique que jamais : chaque article de la loi scoute prend tout son sens à plus de deux heures de marche de la première habitation. La discipline, l’autonomie et la capacité à s’adapter sont primordiales dans un environnement aussi isolé, et les guides en ont parfaitement conscience.

La rigueur est par conséquent inhérente à une telle spécialité, pendant les activités certes, mais aussi et surtout durant leur préparation. Chaque détail doit être anticipé, chaque étape programmée, chaque difficulté envisagée : le scoutisme en montagne ne s’improvise pas, et la maitrise doit faire preuve d’une grande discipline pour répondre aux critères nécessaires à la gestion de telles activités : les trajets sont scrupuleusement étudiés et doivent faire l’objet d’une validation par l’ETN montagne ; les sources d’eau et de bois, déterminées à l’avance ; le matériel, trié pour ne pas peser trop lourd ; le programme, soigneusement conçu avec la prise en compte de la fatigue ; la météo, régulièrement vérifiée ; et autant de choses à penser pour assurer le bon déroulement d’un week-end.

Mais le jeu en vaut la chandelle, car la montagne offre un lot quasi-inépuisable d’expériences et de découvertes : pendant ce seul week-end, nous avons étudié des espèces animales et végétales que nous ne rencontrons que rarement ailleurs (forêt de hêtres, salamandres…), appris à nous orienter dans un environnement inconnu ; nous avons également dû apprendre à faire preuve de patience pour allumer un feu malgré le vent et la pluie, de détermination pour arriver au sommet, mais aussi d’ingéniosité pour nous adapter aux difficultés de la route. Pour certaines d’entre nous, certains passages ont représentés, de prime abord, un réel défi, de par la raideur de la pente, le poids du sac ou encore le froid glacial du petit matin ! Mais heureusement, aucun problème ne parvint à entamer la bonne humeur des guides qui abordaient chaque problème avec enthousiasme et volonté !

Et il nous reste tant d’aventures à vivre, tant de choses à expérimenter ! La montagne en été n’a que peu de choses en commun avec sa jumelle hivernale, et les découvertes ne manqueront pas : raquettes, randonnées, constructions d’igloos, apprentissage à la vie dans la neige, adaptation aux conditions de grand froid, initiation au secourisme, et tout le panel d’activités propres à la montagne ! Mais toujours avec deux certitudes : l’assurance de toujours retrouver des paysages d’une rare majesté, dont la beauté à elle seule justifiera tous les efforts pour pouvoir la contempler ; et la conviction de ressortir grandies de ces expériences, où l’ascension physique ne peut pas s’exempter d’une progression de l’esprit. Nous ne redescendrons jamais vraiment de ces sommets, nous y laisserons toujours une part de nous, pour ne repartir que plus légères et sereines qu’avant, fière d’avoir remporté le défi qui s’offrait à nous et remplies d’une force nouvelle pour en relever d’autres.

Un jour Baden Powell a dit : « Rester immobile ne sert à rien, il faut choisir entre avancer et reculer. Allons donc de l’avant et le sourire aux lèvres. ». Enfin arrivée au sommet, cette phrase résonne dans ma tête alors que, soulagée, je profite de la douce sensation d’être parvenue à destination. Et je ressens alors comme un grand sentiment de joie sereine face à ce que nous venons de réussir : je regarde le magnifique paysage qui nous entoure, je respire l’air pur de la montagne, et j’observe les guides autour de moi : nous sommes sales, fatiguées, courbaturées … mais un grand sourire éclaire nos visages.

WE de HP des 6 et 7 Octobre 2018, Anne-Sophie, ACCie VIème Toulouse